Le mot "stress" est devenu courant dans notre vocabulaire quotidien, mais que signifie-t-il réellement et comment s'est-il développé au fil du temps ? Pour comprendre cette notion complexe, il est essentiel de plonger dans l’histoire des recherches qui l’entourent. Ce voyage nous amène à des pionniers de la psychologie qui ont façonné notre compréhension actuelle du stress, de Hans Selye à Bessel van der Kolk, en passant par Pierre Janet et Daniel Siegel.
Tout commence dans les années 1930 avec Hans Selye, un chercheur qui a fait des découvertes fondamentales sur la façon dont notre corps réagit au stress. Il a introduit l'idée que le stress est une réponse universelle, peu importe si l’événement est positif ou négatif. Pour lui, face au stress, notre corps passe par trois étapes : l'alarme, la résistance, et enfin l'épuisement. En d'autres termes, il a montré que, tout comme un ressort qui se tend puis se casse s'il est trop sollicité, nous aussi, nous avons des limites face au stress.
Parallèlement à Selye, Walter Cannon a introduit la célèbre notion de réaction de lutte ou de fuite. Il a découvert que, lorsqu'on est confronté à un danger, notre corps déclenche une série de réponses physiologiques pour nous préparer à agir. Cette réaction est orchestrée par le système nerveux autonome, qui joue un rôle clé dans notre manière de faire face aux situations stressantes. Cela signifie que notre corps a une manière bien à lui de gérer le stress, qu'il s'agisse d'affronter une situation difficile ou de s'en éloigner.
Dans les années 1950, John Bowlby et Mary Ainsworth ont enrichi cette compréhension en introduisant la théorie de l'attachement. Ils ont montré que nos premières expériences avec nos figures d'attachement, comme nos parents, influencent notre manière de réagir au stress tout au long de notre vie. Une enfance sécurisante favorise des réponses saines au stress, tandis qu’une enfance marquée par l’insécurité peut entraîner des difficultés plus tard.
Un peu plus tard courant les années 1990, nous rencontrons Stephen Porges, qui a révolutionné notre façon de voir le stress avec sa théorie polyvagale. Porges a expliqué que notre système nerveux autonome ne réagit pas uniquement à la menace. Il a identifié trois systèmes de réponse :
La connexion sociale : Quand nous nous sentons en sécurité, notre corps réagit en favorisant le lien avec les autres.
La lutte ou la fuite : En cas de danger, nous pouvons nous battre ou fuir.
L’immobilisation : Si aucune de ces options n'est possible, notre corps peut entrer dans un état d’inhibition.
Ce qui est fascinant ici, c'est que Porges a souligné l'importance de notre environnement social dans la régulation de notre réponse au stress. En d'autres termes, notre bien-être émotionnel dépend aussi de nos relations avec les autres.
Un autre acteur clé dans la compréhension du stress est Daniel Siegel, un psychiatre et neuroscientifique. Siegel a introduit le concept de fenêtre de tolérance, qui décrit la zone optimale dans laquelle nous pouvons fonctionner. Lorsque nous sommes dans cette fenêtre, nous sommes capables de gérer nos émotions et de répondre de manière appropriée aux défis.
Cependant, lorsque le stress devient trop intense, nous pouvons nous retrouver soit dans une réponse d'hyperactivation (tels que l'anxiété ou la colère) soit dans une réponse d'hypoactivation (comme la dissociation ou l'engourdissement). La clé pour gérer le stress, selon Siegel, est de rester dans cette fenêtre de tolérance, ce qui nous permet d'intégrer nos expériences émotionnelles et de réguler nos réactions.
Enfin, faisons un clin d'œil à Bessel van der Kolk, un expert en traumatologie qui a beaucoup étudié les effets du stress chronique. Il critique souvent le fait que les travaux du Français Pierre Janet, un précurseur de la psychologie moderne, aient été ignorés. Janet avait compris, dès le début du XXe siècle, que les traumatismes peuvent piéger les individus dans leurs souvenirs, les rendant vulnérables au stress. Van der Kolk insiste sur l'importance de réintégrer ces expériences traumatiques pour retrouver un équilibre émotionnel, ce qui fait écho à la théorie polyvagale.
En fin de compte, notre compréhension du stress a évolué grâce aux contributions de nombreux chercheurs. Du modèle de Selye à la théorie polyvagale de Porges et au concept de fenêtre de tolérance de Siegel, il est clair que le stress est bien plus qu'une simple réaction biologique. C'est une expérience profondément humaine, façonnée par nos relations et notre environnement.
En effet le stress est une réaction normale aux pressions quotidiennes, mais peut devenir malsain lorsqu'il dérange votre fonctionnement quotidien. Le stress implique des changements affectant presque tous les systèmes du corps, influençant la façon dont les gens se sentent et se comportent.
En provoquant des changements mentaux, le stress contribue directement aux troubles psychologiques et physiologiques et aux maladies et affecte la santé mentale et physique, réduisant la qualité de vie.
Alors, la prochaine fois que tu ressens du stress, rappelle-toi que c'est une réponse naturelle de ton corps, et que comprendre son fonctionnement peut t'aider à mieux gérer ces moments difficiles. N'hésite pas à chercher du soutien social et à te reconnecter avec tes émotions, car c'est là que réside une grande partie de la clé pour naviguer dans le stress de la vie !
Comments